Entre transparence et sanctions : premier bilan pour l’Indice de Réparabilité

Entré en vigueur le 1er janvier 2021, l’Indice de Réparabilité vise à lutter contre l’obsolescence programmée et pour une consommation plus durable grâce à une meilleure information des consommateurs. Après trois ans d’existence, quelles sont les premières leçons de cette initiative unique au monde et regardée de près par les autres pays européens ? Le Commissariat général au développement durable (CGDD) a notamment commandé un rapport qui propose un éclairage sur les premières retombées. S’il est trop tôt pour évaluer l’impact à moyen et long terme de cette mise en place, notamment sur les pratiques de réparation, quelques tendances se dessinent.

Transparence et information des consommateurs

L’un des objectifs principaux de l’Indice de Réparabilité était de fournir aux consommateurs une information claire et transparente sur la facilité de réparation des produits électriques et électroniques. Cependant, selon le rapport du CGDD, certains fabricants ont été critiqués pour leur manque de transparence concernant les critères utilisés pour déterminer cet indice. D’autres problèmes de non-conformité ont été relevés, comme le non-respect par certains fabricants de l’affichage de l’Indice de Réparabilité sur leurs produits, donnant même lieu à certaines sanctions. Un avertissement pour d’autres éventuels contrevenants.

Pour remédier à ces dérives, des appels sont lancés en faveur d’une réglementation plus stricte imposant aux fabricants un meilleur niveau d’informations concernant la réparabilité de leurs produits.

Un cercle vertueux

Malgré les défis rencontrés, des progrès tangibles sont à noter. Un exemple : on constate une augmentation de la note moyenne et donc de la durée de vie moyenne des produits, ainsi qu’une meilleure disponibilité de certaines pièces détachées. Autre phénomène, une hausse significative de la vente de produits plus réparables, en particulier vendus en ligne.

Si ces tendances ne peuvent pas être attribuées à la seule introduction de l’Indice de Réparabilité, on peut considérer que celui-ci contribue à une évolution globale des comportements de consommation, dans un cercle vertueux : l’indice favorise une évolution des produits mis sur le marché en même temps que des changements de comportements.

La dynamique se poursuit

Des actions clés peuvent être menées pour renforcer l’efficacité et la pertinence de l’Indice de Réparabilité : des exigences plus strictes en matière de transparence, le renforcement des sanctions, une meilleure sensibilisation des consommateurs, une extension de l’indice à de nouveaux appareils*… L’accessibilité des pièces détachées est bien sûr cruciale. Les fabricants commencent à être plus incités, voire contraints, à fournir des pièces détachées à des prix raisonnables et à rendre les processus de réparation plus accessibles aux consommateurs.

Ce premier bilan prend tout son sens alors que l’Indice de Réparabilité commence déjà à évoluer vers son nouvel avatar : l’Indice de Durabilité, qui concerne dès ce début 2024 les lave-linges et téléviseurs. Ce dernier pousse la dynamique encore plus loin en prenant en compte notamment la résistance des produits à l’usure ou leur facilité d’entretien. Une évolution particulièrement attendue par les consommateurs : 65 % d’entre eux selon GfK estiment que lors de l’acte d’achat la durabilité est un critère de choix très important, parfois même avant celui du prix !

* L’Indice de Réparabilité concerne actuellement les téléviseurs, lave-linges, smartphones, ordinateurs portables et tondeuses à gazon, lave-vaisselle, aspirateurs et nettoyeurs haute pression.